[6. Organisation pratique]

Toutes ces considérations montrent que si, pour exposer cette formule de couverture de billets, il est aisé de le faire sous un jour artisanal, discontinu et de présenter des opérations financières comme des réalisations dispersées et exécutées, disons, à la petite semaine, il n’en est pas moins évident que, dans l’éventualité d’une mise en opération, un tel système d’économie serait réalisé par des méthodes modernes à une échelle nationale et par des canaux bancaires. Les grandes lignes de l’organisation pourraient être celles-ci :

Chaque quinzaine ou chaque mois, l’entreprise de production transmettrait à la succursale locale de la banque qu’elle a choisie comme garante une déclaration de ses stocks : produits bruts, produits finis, produits en cours de transformation avec un décompte de la valeur globale représentée par ces matières, au cours du jour; une telle estimation aurait été faite selon des conventions préalables qui en auraient déterminé le mode.

  • La banque au même moment aurait été informée par l’Institut d’Émission du taux officiel de couverture au jour dit.
  • Grâce à ces données, elle créditerait ou débiterait le compte de l’entreprise ouvert spécialement chez elle à cette intention par le débit ou le crédit du compte de l’Institut d’Émission.
  • Si le compte de l’entreprise devient débiteur, il est soldé par le compte ordinaire de l’entreprise chez la banque.
  • L’ensemble des opérations ainsi passées dans les comptes d’entreprises donne un solde au débit ou au crédit de l’Institut d’Émission suivant la tendance des marchés; ce solde compensé avec les soldes des autres établissements bancaires donne un solde final, ce solde final se traduit lui-même par une émission ou un retrait de billets.

De cette manière, sans or ni thésaurisation, il est possible d’assurer la circulation fiduciaire du pays qui représente dans ce cas une sorte de mobilisation partielle des stocks fabriqués, c’est-à-dire de l’avance dans un pays de la production sur la consommation. L’importance de la circulation monétaire reflète donc bien la prospérité du pays, ce qui ne peut être le cas quand la monnaie en circulation est gagée par une encaisse métallique. On ne peut découvrir et mettre en exploitation une mine d’or, chaque fois que le volume des échanges augmente, et on ne peut non plus garantir la valeur des billets sur des crédits personnels ondoyants. Les seuls gages réels possibles sont donc des stocks.

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Dans une telle hypothèse la propriété des biens privés se trouverait largement représentée par des contreparties-papier différentes selon la nature des biens.

  • 1) Les biens d’équipement par les actions des entreprises ;
  • 2) Les biens de consommation par des billets solidement gagés.

Et ce n’est qu’à partir de telles bases solides que les effets de commerce et les obligations pourront établir le réseau des crédits personnels nécessaires à l’économie.