Avant de terminer cette étude, il faut encore ajouter quelques mots relatifs aux amortissements qui, lorsqu’ils ont été effectués avec prudence, représentent finalement une source supplémentaire de profit.
Non seulement le matériel s’use mais il peut se démoder, de sorte qu’il est bon d’accélérer son amortissement pour ne pas s’exposer à des surprises désagréables. Le plus souvent donc, un outillage maintenu en bon état de marche et susceptible de rendre encore de bons services se trouve entièrement amorti en comptabilité, ce qui veut dire que, sur les livres de comptes, sa valeur est nulle.
Il s’agit donc d’un profit et ce profit devra être partagé. Non pas entre les ayants-droit du dernier exercice écoulé, mais sur ceux de tous les exercices au cours desquels un amortissement superflu a été effectué.
D’où la nécessité, de temps en temps, de procéder à une opération « vérité » de réévaluation des actifs. Une telle opération ne serait pas nécessaire si le personnel de l’entreprise était stable. Mais cela ne peut jamais être le cas. Un mouvement de personnel existe toujours dont il faut tenir compte, de manière à ce que les nouveaux arrivés ne bénéficient pas de rappels de gain dont les ex-employés, les retraités par exemple, devront être crédités.
À la fin de ce chapitre on ne peut s’empêcher de faire une comparaison entre le droit actuel et cette manière nouvelle d’intégrer dans les entreprises, le personnel salarié. Actuellement ce sont des étrangers dans la société qui les emploie. Demain ce seront des associés, intéressés par conséquent au sort de l’entreprise, pécuniairement en premier lieu, et, par une pente naturelle, psychologiquement ensuite. En devenant membres à part entière d’une association, les salariés partageront non seulement les profits, ils partageront aussi la mentalité de leurs partenaires. Et par un processus identique, actionnaires et dirigeants rejoindront les travailleurs dans une adaptation commune à un régime social régénéré, à la fois neuf, traditionnel et profitable à tous.
Certes, il ne serait pas compréhensible de rendre obligatoire dans n’importe quelle organisation de production les statuts juridiques qui devront être élaborés pour établir les nouvelles formes d’association qui naîtront, dans lesquelles les profits seront partagés de la façon indiquée ici. Il suffira que ces statuts soient rendus obligatoires dès que le nombre des salariés dépassera un certain chiffre, 25 ou 50 par exemple. En dessous de ce chiffre, il sera loisible aux entreprises de les adopter et, si elles ne s’y décident pas, elles courront le risque évident de manquer de personnel. Quand, manifestement de tels statuts apparaissent inapplicables, comme ce sera évidemment le cas là où le personnel joue un rôle d’ordre accessoire, secondaire et, somme toute, facultatif, alors un contrat d’association ne peut être la formule correcte. Dans ce cas, le salarié trouvera néanmoins, dans un climat social nouveau, une protection efficace contre l'arbitraire et contre la loi du plus fort.